Pourquoi les IPA peinent encore à trouver leur place : éclairage sur les résistances persistantes
Le dernier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) ne laisse pas de place au doute : ce sont bien les médecins, et plus particulièrement les libéraux, qui freinent encore l’intégration des Infirmiers en Pratique Avancée (IPA). ( Pourquoi les médecins s’opposent aux IPA : Analyse et perspectives.) Une des principales raisons évoquées ? La peur de perdre des patients… et donc une partie des revenus. Une inquiétude qu’on peut comprendre, mais qui paraît un peu réductrice. Elle traduit surtout une certaine méconnaissance de ce que la pratique avancée peut apporter. Car non, l’IPA ne remplace pas le médecin : il vient en appui, surtout dans des situations complexes où la collaboration est essentielle.
Du côté de l’hôpital, les enjeux sont différents. Certains praticiens hospitaliers estiment que de nombreuses missions aujourd’hui confiées aux IPA sont déjà réalisées, d’une manière ou d’une autre, par des infirmiers expérimentés. Leur proposition : raccourcir la formation et créer une mention spécifique adaptée à leur réalité de terrain.
Autre sujet qui fait débat : la multiplication des mentions en pratique avancée, demandée par plusieurs spécialités infirmières et médicales. Sur ce point, le Conseil National Professionnel des IPA (CNP IPA) se montre plutôt réservé. Sa position est claire : la pratique avancée doit rester globale, centrée sur le patient dans sa complexité, et non segmentée par pathologie ou organe. Trop de mentions, c’est le risque de créer des formations « niche » avec peu d’étudiants… et de perdre la vision holistique qui est au cœur du métier.
Le CNP IPA défend donc une évolution des mentions vers des approches plus larges, basées sur des populations et non sur des pathologies isolées.
Mais ce ne sont pas les seuls freins rencontrés par les IPA aujourd’hui. Deux autres points reviennent souvent dans les retours de terrain : la difficulté d’accès à la recherche, et des salaires qui peinent à suivre les responsabilités. Malgré le gain d’une prime, la rémunération reste bien en deçà des attentes. Peu d’écart avec le salaire d’un infirmier de soins généraux, alors que les IPA ont suivi une formation exigeante et qu’ils portent des responsabilités accrues. Résultat : un début de carrière souvent perçu comme peu attractif.
Côté recherche, le problème n’est pas le manque d’intérêt. C’est le manque de temps. Les sollicitations cliniques sont nombreuses, ce qui laisse peu de marge pour s’impliquer dans la réflexion, l’analyse ou l’amélioration des pratiques. Et c’est dommage, car les IPA ont beaucoup à apporter à la dynamique scientifique des soins.
Enfin, un autre point d’alerte concerne la formation. Le CNP IPA souligne de grandes disparités d’une université à l’autre : nombre d’heures d’enseignement, modalités de validation des acquis… Le cadre est encore trop variable. Il devient donc urgent, selon eux, d’harmoniser les fondamentaux et de sécuriser certaines unités d’enseignement. Notamment l’enseignement clinique de première année, qui, selon le CNP IPA, ne devrait pas être validé par des procédures de VAE ou de VES. Des échanges sont actuellement en cours avec les ministères pour faire évoluer ces pratiques.
Les différentes sources pour l’articles :
• Rapport IGAS « Trajectoires pour de nouveaux partages de compétences entre professionnels de santé »
• Audit flash de la Cour des comptes sur les IPA:
• Analyse IRDES sur le déploiement des IPA