EHPAD : Comment les infirmières en pratique avancée (IPA) soulagent la pénurie de médecins coordonnateurs

Quand les infirmières en pratique avancée soulagent les EHPAD : une bouffée d’air frais pour les équipes… et les résidents

EHPAD : Comment les infirmières en pratique avancée (IPA) soulagent la pénurie de médecins coordonnateurs. Dans les EHPAD de la région Centre-Val de Loire (et ailleurs aussi, soyons honnêtes), recruter un médecin coordonnateur relève parfois du miracle. Ces professionnels sont pourtant au cœur du bon fonctionnement de l’établissement : ils garantissent la qualité des soins, encadrent les équipes, évitent les erreurs médicamenteuses et participent à la mise en place des projets de soin pour chaque résident. Mais aujourd’hui, ils sont de plus en plus rares… et ça se ressent. Résidents moins bien suivis, soignants sans véritable appui médical, équipes parfois livrées à elles-mêmes : le quotidien devient plus lourd, plus incertain.

Heureusement, une nouvelle figure vient peu à peu changer la donne : l’infirmière en pratique avancée, ou IPA. Une professionnelle expérimentée, formée pour aller plus loin dans ses missions. Et grâce à une dérogation mise en place dans la région, elle peut désormais, dans certaines situations, reprendre une partie des tâches du médecin coordonnateur. Une vraie bouffée d’oxygène pour les établissements en difficulté.

IPA en EHPAD : une solution qui prend tout son sens

Face à cette pénurie médicale, les IPA apparaissent comme une réponse innovante, concrète et surtout, efficace. Ces infirmières (et infirmiers !) suivent une formation complémentaire de deux ans, ce qui leur donne un éventail de compétences élargies. Elles peuvent faire des évaluations cliniques poussées, suivre l’évolution de certains traitements, prescrire certains médicaments et examens, et surtout faire le lien entre les médecins et les équipes soignantes.

Leur rôle n’est pas de remplacer les médecins, mais de faire en sorte que la machine ne s’enraye pas. Elles sont là pour que les soins restent cohérents, organisés, humains. Pour que personne ne soit oublié, et que les équipes ne se sentent pas abandonnées. Bref, elles assurent une continuité indispensable dans des structures où le manque de médecins est devenu la norme.

Un cadre bien défini pour une collaboration sereine et médecin et IPA

Pour que cette collaboration fonctionne, il faut bien sûr un cadre réglementaire solide. L’Agence Régionale de Santé du Centre-Val de Loire a donc mis en place une dérogation qui permet, dans certains cas, de confier une partie des missions du médecin coordonnateur à une IPA. Attention, ce n’est pas une improvisation totale : tout est cadré par la loi, notamment par deux articles du Code de l’action sociale et des familles (le fameux CASF) :

  • L’article D312-158, qui précise les tâches que peut accomplir un médecin coordonnateur, en distinguant celles qu’on peut déléguer à une IPA de celles qui restent exclusivement médicales.
  • Et l’article D312-156, qui définit le temps de présence minimum du médecin dans l’établissement — un temps qui peut être réduit grâce à cette dérogation.

Chaque EHPAD concerné doit mettre en place un protocole clair entre le médecin coordonnateur et l’IPA, où sont définies les missions de chacune, les limites de la délégation, les modes de communication, etc. En résumé : pas de flou, pas de surcharge injuste, mais une vraie organisation partagée.

Concrètement, que fait l’IPA en EHPAD ?

Les missions de l’IPA sont variées, mais toujours centrées sur le résident et le soutien de l’équipe soignante. Elle peut :

  • Faire des bilan gériatriques complets, des entretiens cliniques, adapter certains traitements, et prescrire les examens nécessaires (dans le cadre de ses compétences bien sûr).
  • Former et accompagner les équipes soignantes au quotidien : partager son savoir, rassurer, montrer comment réagir dans certaines situations.
  • Mettre en place des actions de prévention (on pense ici aux chutes, aux risques infectieux, à la dénutrition…) et même des ateliers d’éducation thérapeutique.
  • Tenir à jour les dossiers de soins, faire de la veille documentaire, suivre les recommandations… bref, ne pas laisser la paperasse ou les infos importantes s’accumuler dans un coin.
  • Et surtout, travailler main dans la main avec le médecin coordonnateur : dès qu’une situation dépasse ses compétences ou devient critique, elle le contacte, en présentiel ou via la télémédecine si besoin.

Un modèle qui tient… mais qui a aussi ses limites

Évidemment, cette organisation a un coût. Le financement des postes d’IPA est pris sur la dotation soins de l’EHPAD, c’est-à-dire sans subvention spécifique de l’ARS. Ce n’est donc pas un cadeau tombé du ciel, mais un vrai choix d’établissement.

Par ailleurs, cette dérogation n’a pas vocation à durer éternellement. Elle répond à une situation d’urgence, mais l’objectif reste de retrouver, à terme, un nombre suffisant de médecins coordonnateurs. En attendant, la télémédecine peut permettre à ces derniers de superviser les IPA et de rester impliqués, même à distance.

Dans certains cas, un assistant médico-administratif peut également être recruté pour épauler ce binôme IPA-médecin, ce qui soulage encore un peu la charge de travail.

Une avancée qui redonne du sens et de l’air aux IPA

Ce nouveau fonctionnement, s’il est bien encadré, change vraiment les choses sur le terrain. Il permet de garder un niveau de soins élevé, même quand le médecin n’est pas présent chaque jour. Il évite les ruptures dans les parcours de santé, il redonne confiance aux équipes, et surtout… il remet un peu d’humain dans des structures qui en manquent parfois, faute de moyens.

Pour les soignants, c’est aussi un soulagement. Avoir une IPA sur place, c’est savoir à qui s’adresser quand une situation semble glisser. C’est avoir une oreille attentive, un regard clinique, un appui solide. Et pour les résidents, c’est l’assurance que quelqu’un veille, ajuste les traitements, suit leur état avec rigueur et bienveillance.

Et demain ?

L’intégration des IPA dans les EHPAD, c’est plus qu’une solution ponctuelle : c’est un pas vers une nouvelle organisation des soins, plus souple, plus réactive, plus proche du terrain. Une manière de faire face à la crise actuelle tout en valorisant les compétences des infirmières. Mais pour que cela fonctionne vraiment sur le long terme, il faudra :

  • Un suivi rigoureux des résultats, pour éviter les dérives et garantir la qualité des soins.
  • Un engagement politique fort pour revaloriser les métiers médicaux et paramédicaux dans le médico-social.
  • Et surtout… continuer à écouter ceux qui vivent cette réalité chaque jour : les soignants, les résidents, les familles.

Parce qu’au fond, c’est bien ça qui compte : garder le lien, préserver la qualité, et faire en sorte que personne ne soit jamais laissé de côté.

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